Membres

samedi 27 février 2010

Le marchand de sable va passer;


"Que ne suis -je la fougère
Où, sur la fin d'un beau jour,
Se repose ma bergère
Sous la garde de l'amour.
Que ne suis je le zéphyr
Qui rafraichit ses appas,
L'air que sa bouche respire,
La fleur qui nait sous ses pas"
sur une musique de Pergolèse

"Adiéu paure, adiéu paure,
Adiéu paure Carneval
E tu t'en vas, e iéu m'en veni
a si reveire l'an que vèni"
chant traditionnel  niçois
(le carnaval de Nice se termine demain soir avec l'incinération du Roi en soirée)

Sur la même mélodie finale : "Bonne nuit les petits"


Le printemps n'est pas encore là....

mais il se rapproche.




Les arbres sont moussus. Il  a vraiment fait très humide cet hiver.

vendredi 26 février 2010

Douce nuit...à demain

Si vous le voulez bien.

Les petits âges, l'enfantine, les délices: pour Evelyne.


C'est en écrivant un petit mot à Evelyne
mot qui d'ailleurs s'est effacé (fausse manip!) que j'ai pensé faire ce petit billet du vendredi avant d'aller aider ma maman à s'installer dans son nouvel appartement.

Je regardais les jolies images de poupées en laine, en papier mâchés, et devant de si fines réalisations, mon âme d'enfant s'est réveillée illico presto.
Malgré l'âge qui peut être "canonique" (quoique!), les souvenirs de nos jeux remontent à la surface de la mémoire, et, avec de délicieuses émotions,  on se souvient, soit de la Barbie (les toutes premières) qui ne pliait pas encore les jambes mais avait  une merveilleuse garde-robes, 


soit de la poupée Bella plus imposante qui sentait bon, soit de la dinette ou de la "marchande"avec sa balance et ses minuscules mesures de poids...

-"Combien de pommes de terre Madame?"

sans oublier les imageries des  quelques beaux livres que l'on regardait avec précaution, effleurant les lignes de nos regards attentifs. 


 Marine qui a eu 26 ans en janvier, a du mal à quitter ce monde:
"C'est trop nul!"
Cependant, il le faut, et c'est par son travail qu'elle va commencer, sans toutefois perdre ses rêves de petite fille, à marcher dans ses baskets d'adulte. Elle a choisi en effet de devenir éducatrice d'enfants en difficultés. En étudiant en alternance, école et pratiques, elle a rencontré en premier lieu la petite enfance dans une crèche.
Les petits, elle adore, mais la structure, je le sens, est trop"sécurisée" dans le sens où elle a envie de prendre des initiatives et des responsabilités.
Elle vient de faire le choix d'une autre structure, puisqu'il le faut dans le cadre de son apprentissage: une IME.
C'est à côté de chez nous, des enfants très handicapés, plus grands,  20 ans au plus, dont l'âge mental ne dépasse pas les 3, 4 ans...
Les parents démissionnent, malgré leur amour, trop difficiles à gérer au jour le jour,  fatigués, épuisés, usés: il faut des structures perfectionnées et équipées pour faire face. Ici l'ensemble est dans la campagne, un grand bâtiment, beaucoup d'espace  naturel, peu d'habitations autour, les jeunes sont heureux, accompagnés par une équipe d'enfer pour entourer tout ce petit monde déficient.
J'observe: par ce que me raconte ma fille, malgré  les handicaps souvent très lourds, la non-autonomie de chaque jeune, les "leitmotivs" ressassés à longueur de journée, quand elle arrive, fatiguée, elle a un visage resplendissant, heureux, une sérénité que je lui ai rarement vu... si ce n'est le jour de son mariage.
Pour moi elle a trouvé sa voix, et son enfance, magique en quelque sorte, lui permettra par son imaginaire débordant d' aller à la rencontre de ce monde si différent qui  se montre pourtant si attachant.

Comme quoi cette enfance qu'il est difficile de quitter, de par ses rêves, de par ses jeux inventés, de par ses doux moments, nous construit et nous permet de trouver le chemin pour devenir une "très grande fille".

Marine vient de m'appeler au téléphone, elle passe me faire un petit coucou avant de retrouver son monde de lumière.
.

mercredi 24 février 2010

Voilà ce que j'attends dans mon Paradis...


L'apparition des  premiers iris d'Alger


Aujourd'hui j'ai découvert les premières violettes cachées sous des feuilles humides en décomposition!

mardi 23 février 2010

lundi 22 février 2010

Pour les autres grands enfants

qui aiment la littérature enfantine.


  Martina Skala  se consacre depuis quelques années à l'illustration et à la peinture.

 
Elle a imaginé les périples d'un petit violon sorti d'un œuf  Strado  adopté par un vieux violoniste Varius. 
Des rencontres musicales et amusantes autour de Bach, Mozart et Vivaldi 
-cf "Per l'amore di Venessia"

dimanche 21 février 2010

Humour du dimanche soir.

Demain, reprise!


Bonne semaine à tous!

Ce soir il pleut...

samedi 20 février 2010

Quelques instants sans le blog...

 Préparation du nouveau numéro de notre petite publication 
"les Idées Heureuses".
Je vous retrouve bientôt et vous laisse en compagnie de Marc Chagall et de ses chatoyantes couleurs.


ici le ciel est très bleu...

mercredi 17 février 2010

Un peu d'exotisme.


Le temps est toujours prévu au "mauvais fixe".
 J'ai donc décidé de partir en Égypte, du moins dans mes souvenirs en mai 2005.




Un soir donc fin avril mon "p'tit frère Pétu" m'appelle à la maison et commence un délire comme seul il sait le faire.
-"Imagine-toi sur un bateau...... remontant le Nil..."
-"Oui d'accord et puis..."
-"Donc tu prends une semaine et je t'emmène faire une croisière en Égypte!"
-"Euh! mais c'est que j'ai mes contrôles de fin d'année juste à ce moment-là,  j'ai demandé en plus que la date soit retardée, que ce ne soit pas aussi tôt que les années précédentes..."

-"Tu te débrouilles..."



Vous pensez bien: mon rêve que de visiter ce pays qui ne nous semble pas si étranger, par les histoires que l'on  nous compte depuis que l'on est tout petit, et qui sont bien ancrées  dans nos mémoires, les pharaons, les pyramides, Louksor, Karnak, Assouan, Abou Simbel... 

Le lendemain, à la première heure , je vais voir mon directeur, Gérard Gastinel à cette époque, qui commence par  durcir un peu  la bride, mettant  un frein à ma demande: c'est le boss! 

-"On ne peut pas déplacer le concours de flute, il faut que les élèves répètent. C'est un casse tête!"

Et moi, docile,  la tête un peu baissée, je lui dis que je n'aurai jamais plus une telle opportunité, que cela m'est offert, et que l'on peut déplacer les épreuves, j'ai vu que c'était possible avec le sous-directeur, et je lui lance l'appât. 

-"Vous êtes allé en Égypte, vous connaissez ce pays merveilleux..."




Il part au quart de tour, et me raconte ses blagues organisées  durant sa propre croisière,  une épopée... de 15 jours , c'est un Directeur.

-"Bon, ça va, on va arranger cela."
Il ouvre son grand cahier Monooprix, prend son crayon gris, sa gomme...

-"Donc la flûte.... le clavecin...déposez vos jours à l'administration et indiquez vos heures de  remplacement."
-"Oui chef!Merci Chef!"


Comment ai-je pu faire une telle tractation sans me dégonfler?... mais c'est réussi, je peux partir. 
De main de maîtresse, je remplace mes cours avant le départ, les examens seront  passés, les heures de remplacement  comptabilisées,  les étudiants ont réussi leurs épreuves, tout est en règle, je pars tranquille.


Voyage via Marseille en bus de Nice, avion à minuit pour Louksor, arrivée heure locale disons 4h30 du matin.  Et commence alors la Croisière durant une semaine, le long du Nil, par 45° de chaleur, l'exotisme, les palmiers séculaires, les sourires des égyptiens qui ont encore le rythme de leurs lointains ancêtres, pliés en deux au dessus de leur terre,  bêchant et creusant des sillons, les enfants se baignant dans une eau que l'on  nous a recommandé de ne pas boire, les femmes qui travaillent aussi, durement, on parcourt, au rythme des eaux tranquilles, accompagnés par la vision des vaches sombres, lascives, qui se protègent de la chaleur sous les palmiers, les seuls animaux susceptibles de mouvement rapide étant les petits ânes blancs qui courent en tirant de petites charrettes,  des kilomètres qui nous mèneront sur le circuit touristique de l'Égypte: Edfou, Kom Ombo, Assouan, Philae, le lac Nasser, Louksor, Karnak, les îles Éléphantines.


Nous serons  des sauvageons indisciplinés Pétu et moi-même, n'écoutant pas les guides, allant de notre propre chef faire des photos, à droite, à gauche mais pas vraiment où ils veulent nous amener, on fera semblant de se perdre dans le souk de Louksor,  étant comme chez nous, sans soucis, aucune inquiétude,  acceptant avec conviction les palabres à n'en plus finir pour acheter une pierre de soleil et un lapis-lazuli , faisant semblant de parler italien, très fort avec force mouvement des bras, pour décourager les hommes nous proposant des tours en calèche; une cure de  karkadé, tisane fraiche et acidulée aux fleurs d'hibiscus rouges, un café mémorable aux îles Éléphantines, broyé et grillé à même le sable, infusé dans une cafetière qui n'en avait que le  nom, versé dans une tasse de l'époque d'Akénaton, mais quelle merveilleux et inoubliable goût. 


Chaleur étouffante, lumière qui écrase les couleurs, Philae et son temple de Trajan, la vallée des Rois dans un désert de pierre, les colosses de Memnon, découverte de l'allée des béliers, hiéroglyphes racontant les faits et gestes des guerriers, des vainqueurs, des vaincus,  la bataille de Kadesh sur la plupart des façades des temples. 


Son et lumière à Karnak, une émotion à nulle autre pareille en levant la tête par une nuit étoilée pour voir ces hautes colonnes, toujours debout,  marche lente dans l'obscurité accompagnée par la voix de Jean Piat -tiens le monologue est en français?- la larme au coin de l 'œil vite chassée de la main...l'histoire est là, le temps s'est arrêté, depuis de nombreux siècles.


Le lever à 2 heures du matin pour Abou Simbel, l'arrivée au dessus du temple éclairé  dans la nuit.

-"Quelle idée de nous faire venir si tôt, il fait nuit!!!"
Oui, mais alors que l'on contourne le lieu, un lever de soleil exceptionnel dans le silence, au dessus du lac, peu de monde, uniquement notre groupe, trente personnes à tout casser, les gardiens debout comme s'ils ne s'étaient  pas couchés pour nous attendre et nous accueillir, avec un large sourire silencieux,  une énorme clé sortie de leur djellaba  grise pour ouvrir les immenses portes des deux temples dédiés à Ramsès et Nefertiti. L'intérieur nous happe, nous en perdons la parole. Il n'y a que les yeux pour s'exprimer. Les Dieux sont là, palpables, secrets, qu'ont ils à nous raconter sur l'Éternité ?


Quels colosses pour soutenir l'ensemble de l'édifice. Inoubliable impression.
Lorsque nous quitterons les lieux à 7 heures, les cars de touristes, les "vrais ", commenceront à affluer: 3000 visiteurs par jour!


Quel enthousiasmante fébrilité  je retrouve à ces souvenirs, quelle chance d'avoir accompli ce périple. J'espère y retourner avec Alain, un de ces jours,  avec un appareil numérique cette fois, car les photos que vous voyez ont été scannées d'après les originaux en argentique, d'où la petite bande noire sur certains côtés.


Je comprends pourquoi un certain chef d'état français aimait y aller fin décembre... les bords d'Assouan avec le ballet incessant et gracieux des felouques aux grandes voiles virevoltantes sous les vents chauds du Nil...



Merci Pétu, mon tendre petit frère!


Doux rêves à vous.

J'ai oublié d'ajouter que mon Ninou qui , lui , gardait les chats et la Pita Figa, m'avait offert à cette occasion un parfum d'Hermès "Un jardin sur le Nil". 
A chaque fois que je me vaporise  de ses tendres  effluves, je suis sur le bateau, dans ma chambre, près de la coiffeuse,  fin prête à prendre la vie des deux mains.

Qui parlait d'arc en ciel ?



J'aimerai bien en voir un tout petit...



Summertime...



Bonjour, il pleut!


"Summertime....and the livin' is easy
Fish are jumpin'...and the cotton is high
Yo' daddy's rich...and yo' mama's good-lookin'
So hush little baby......don't you cry

One of these mornin's..you gonna rise up singin'
You gonna spread your little wings...and you'll take to the sky
But 'till that mornin'...there ain't nothin' gonna harm you
With yo Mama and Daddy...standin' bye"

mardi 16 février 2010

Danses, rythmes, incantations.


 
 Ce temps me fatigue!
J'ai une envie irrépressible de mouvements, cette grisaille, ce froid  qui n'en finissent plus et me clouent à la maison. J'ai une envie de mettre mes mains dans la terre et de planter, planter, et encore planter.
Ça fourmille, ça démange, ça bouillonne, 

alors  je danse!

Donnez moi la main, on fera une ronde endiablée...
et c'est partiiiiiii............. 















Choix musical très personnel,
A vous de proposer votre programme .

Et maintenant, que vais je faire?


Après la "méditation" et le petit café, un peu d'exercice...

Quand je pense que ces conteneurs bleus me servent de récupérateur d'eau de pluie pour le jardin...


Bon Jour.


"Bon voyage"
Thomas Crane
Ellen Elizabeth Houghton



J'adore ces livres anciens surtout pour leurs illustrations. 
Ces petites filles qui regardent par la fenêtre, avec leurs longues chemises de nuit, les cheveux lâchés sur leur petites épaules, le mobilier de la chambre, le broc d'eau sur la  coiffeuse, le lit à baldaquin...si vous aimez vous verrez "l'avant, le pendant et l'après".

J'ai trouvé ce site très intéressant pour découvrir et lire à domicile des livres anciens. Vous appuyez sur la flèche après avoir agrandi l'image les pages tournent et vous découvrez les joies de la découverte littéraire.
Les   livres  se trouvent aux USA.  Ce n'est pas de la Magie?

Bonne lecture, je pense que cela plaira à Anne...et à toutes les autres. Notre âme de petites filles s'éveille, pour moi la tasse de café est à côté de l'ordinateur.
Bonne journée à toutes et tous .

lundi 15 février 2010

On finit la journée avec un peu d'humour...



en compagnie du chat de  Philippe Geluk







 


Bonne soirée.

Une autre version

Boléro de Maurice Ravel



Une des pièces instrumentales les plus redoutées des musiciens d'orchestre...

La mode, un éternel recommencement!


En préparant hier soir  l'article sur les chopines des nobles vénitiennes, 
je me disais, qu'au fil du temps, rien de change.





Eternel retour vers l'histoire,
avec plus de commodité, croyez-vous? 
J'en doute,
très sincèrement!

dimanche 14 février 2010

samedi 13 février 2010

Et pendant que Diva était au chaud,


on se baladait, hier,  sous un ciel merveilleusement bleu, dans la campagne enneigée, et encore vierge de toute trace, si ce n'est celles de quelque animal surpris par ce blanc manteau.
.



aujourd'hui, ce n'est plus aussi bleu, on a retrouvé la grisaille... des fois qu'on l'oublie!

vendredi 12 février 2010

jeudi 11 février 2010

Une histoire avant de se coucher;


Créateur parcourait la Terre en s'assurant que tout allait bien.  

Un jour, dans son canot d'écorce géant, il s'en alla pagayer sur les eaux paisibles du monde.
Le canot glissait vers la rive, en direction du soleil levant. Plus le lointain horizon se
rapprochait, plus le froid s'intensifiait. Des vents violents transformaient les eaux en énormes vagues qui déferlaient avec fracas. Autour de lui flottaient de gros blocs de glace qui entravaient sa progression.
Voyant cela, Créateur abandonna son canot et posa le pied sur le sol gelé. Se tournant vers le nord, il n'aperçut qu'une vaste étendue blanche, sans phoques ni ours polaires. Au sud, il vit les grands pins parés d'une cape blanche. Les branches dénudées des chênes et des érables s'étiraient vers le ciel tels d'énormes doigts oscillant au vent. De grandes nappes de glace drapaient les rochers le long des rivières et des ruisseaux, emprisonnant les eaux jadis libres. Les animaux et les oiseaux avaient tous disparu.
Créateur observa les gens. Il vit beaucoup de souffrance. Sans phoques à chasser, la maison de glace des Inuits était froide et les estomacs étaient vides. Les Cris mouraient de faim sans le caribou et la sauvagine.
-" Cela n'est pas bien, se dit-il. Rien ne peut survivre sous un climat aussi rude."



 Usant alors de tous ses pouvoirs magiques, Créateur essaya de réchauffer la Terre, mais en vain. Il eut beau faire, la Terre demeura obstinément blanche et glacée.
Affaibli par ses efforts, Créateur s'assit pour se reposer au sommet d'une haute montagne. Soudain, il fut environné par un vent glacial charriant d'épais tourbillons de neige d'où émergea un énorme géant de glace. Un vieux visage crevassé surgit au-dessus de Créateur. Une voix tonitruante rugit à travers les hurlements du vent.

-"Je m'appelle Hiver. Mon pouvoir est si grand que les gens tremblent de peur, que les animaux s'enfuient et que les eaux deviennent aussi dures que le roc. Même tes pouvoirs magiques se figent. Bientôt, la Terre entière m'appartiendra. "
Le géant de glace se mit à rire et disparut en tourbillonnant dans le vent. Le froid mordant avait privé Créateur de ses pouvoirs.
-"J'aurai besoin d'aide pour rectifier les choses ", pensa Créateur. 


Rassemblant le peu de force qui lui restait, il quitta cette terre de glace et de neige et poursuivit son chemin. Au fur et à mesure que les jours passaient, le climat se réchauffait. De l'herbe tendre amortissait les pas de Créateur occupé à se frayer un chemin sur le rivage. Les bourgeons vert vif des arbres éclataient, redonnant vie à la forêt. Au-dessus de sa tête, des vols de canards et de bernaches, pressés de célébrer le réveil de la Nature, fendaient le ciel en projetant sur la Terre leur ombre en forme de V. 

Créateur croisa sur sa route un beau jeune homme. Ce dernier dépassait le faîte des arbres et était entouré d'oiseaux chanteurs qui tournoyaient autour de sa tête. Il tenait dans les bras un plein panier d'arbustes fruitiers qu'il plantait avec soin, un à un, dans les prés.
-" Bonjour Printemps, lui lança Créateur. Je suis venu demander ton aide. "
 Créateur raconta alors à Printemps sa rencontre avec Hiver.

-" C'est vrai, admit Printemps. Chaque année, Hiver nous dérobe davantage de temps. Bientôt, il ne me restera plus rien. Je perdrai mon pouvoir et je ne serai plus capable de réveiller les animaux ou de faire revenir le gibier d'eau. Les habitants de la longue maison ne pourront plus faire pousser leur maïs, leurs haricots et leurs courges."

D'un commun accord, Créateur et Printemps décidèrent d'aller chercher de l'aide. Leur périple les mena à travers des forêts luxuriantes où poussait un épais sous-bois et qui abritaient tout un peuple de créatures laborieuses. Les chants aigus des insectes formaient une sérénade qui s'accrochait à l'air chaud et dense. Ils suivirent une longue rivière sinueuse qui se jetait dans un lac profond. 
Sur la rive se tenait une belle femme qui avait un pied dans l'eau et l'autre sur une plage sablonneuse. Son épaisse chevelure noire était ornée de fleurs aux couleurs vives. Elle tenait dans les bras un grand pot en argile rempli d'eau et de poissons qu'elle déversait doucement dans le lac.
Printemps s'adressa à elle en premier.

- " Bonjour Été, nous sommes venus demander ton aide. "

Une fois de plus, Créateur raconta sa rencontre avec Hiver. Attentive, Été l'écoutait lui parler de la Terre gelée, du départ des animaux et de la souffrance des gens.
-" Hiver m'a tellement enlevé de temps, renchérit Printemps, que j'ai peine à faire mon travail. "
-" Sans ton travail, je ne peux pas faire le mien, rétorqua Été. Je vais perdre mon pouvoir. Le bison ne pourra retourner vers les collines onduleuses ou vers les plaines. Les Pieds-Noirs et les Crow n'auront ni nourriture ni peaux pour construire leurs abris. "
-" Ce n'est pas bien ", dit Créateur.
-"Nous allons avoir besoin d'aide ", répondit Été.

Ils se mirent alors tous trois en route. À mesure qu'ils progressaient, le vert profond des arbres faisait place à un flamboiement de rouges, de jaunes et d'oranges. Des pluies rafraîchissantes chassaient la chaleur. L'air était vif. La sauvagine remplissait le ciel. Dans les terrains boisés, de nombreuses créatures s'affairaient à faire des réserves de nourriture en prévision du long sommeil hivernal.
créateur photo
Les trois voyageurs arrivèrent finalement au pied d'une chaîne de collines ondulées sur lesquelles se dressait un homme élégant vêtu de nombreuses couleurs. À ses pieds se trouvait un énorme pot rempli de peinture de multiples couleurs. Il se déplaçait avec grâce tout en peignant le paysage.
-"« Bonjour Automne, lui cria Été. Nous sommes venus demander ton aide. "
Créateur lui parla de sa rencontre avec Hiver.
-« Il nous dérobe trop de temps. Je ne serai bientôt plus capable de faire mon travail », se plaignit Printemps.
-" Et je serai incapable de faire le mien ", d'ajouter Été.
 Automne savait que sans le formidable travail accompli par Été, il ne pourrait pas créer les splendides couleurs qu'il utilisait pour peindre la Terre. Il serait impuissant à aider le saumon, la baleine et le flétan dans leur long périple. Les magnifiques forêts mourraient. Les Shuswaps des montagnes ou les Kwagiulth de la côte n'auraient plus rien à chasser, à attraper ou à cueillir.

-" Moi aussi j'ai remarqué qu'Hiver arrive de plus en plus tôt chaque année. Mais que peut-on faire? demanda Automne. Aucun d'entre nous n'est assez fort pour repousser Hiver."
-" Ce n'est pas bien ", dirent en chœur Printemps, Été et Automne.
-" C'est vrai, leur répondit Créateur. Le pouvoir d'Hiver est grand, mais il existe un pouvoir plus grand encore."
-"De quel pouvoir s'agit-il? ", lui demandèrent-ils.
-" Du nôtre, leur répondit Créateur. Si nous réunissons nos forces, nous serons plus puissants. "

Créateur guida Printemps, Été et Automne le long du sentier qui menait vers les contrées gelées d'Hiver. À chaque pas, la terre était plus froide. Un manteau de neige recouvrait tout le paysage. Des vents hurlants balayaient des pans de neige fondue qui leur fouettaient le visage. Au beau milieu de ce tournoiement de grêle surgit le géant de glace.
Au beau milieu de ce tournoiement de grêle surgit le géant de glace. 
 
-" Lequel de vous désire me défier? ", cria Hiver à tue-tête.

Créateur pénétra au milieu de cette tornade de pluie verglaçante. Les vents se turent et tout redevint calme. Rassemblant ses forces, il fit appel aux pouvoirs magiques de tous et il devint si immense que son corps finit par remplir tout le ciel.
-" Hiver, dit-il d'une voix forte. Ensemble, nous sommes un. "
Sa voix se répercuta dans tout l'univers. La chape de neige qui recouvrait la terre se mit à fondre en même temps que disparaissait le pouvoir d'Hiver. Le sol où se tenaient Printemps, Été et Automne éclata de vie dans un foisonnement de couleurs. Hiver rétrécit et retrouva la place qu'il devait occuper dans le cycle des saisons.
Créateur promena son regard sur la Terre.
-" Cela est bien. "
 Et il était heureux.



D'origine mohawk, C.J. Taylor est une artiste et une auteure de littérature enfantine mondialement reconnue. Conteuse et peintre autodidacte, elle a organisé des expositions d'art autochtone partout en Amérique du Nord. Ses œuvres font partie de nombreuses collections privées tant au Canada qu'aux États-Unis. Elle a écrit et illustré neuf livres pour enfants, dont Peace Walker : The Legend of Hiawatha and Tekanawita, son plus récent.